Interrogations
sur le cas Meyssan Thierry
De la part de Michel Dakar,
le 6 février 2024, Villequier en
France
http://the-key-and-the-bridge.net/Interrogations-sur-le-cas-Meyssan-Thierry.html
Documentation : 6 points
1 –
Bibliographie (2 livres indispensables)
2 – Traces
conservées du site internet disparu du MAOL (Mouvement Algérien
des Officiers Libres)
3 – Site internet en activité des
généraux éradicateurs, tenu par le fils du général Nezzar
4
- Rudy
Reichstadt, Mohamed Sifaoui, Caroline Fourest et cie
5 –
Article d’Algéria Watch :
Réponse au fils du général
tortionnaire Khaled Nezzar
6 – Article du Quotidien
d’Algérie :
Effarantes
révélations sur le régime algérien
Dans
la publication hebdomadaire de Thierry Meyssan président du
Réseau Voltaire, « Voltaire, actualité internationale »
n°51 du
8
septembre 2023, page 3, voici un article que l’on y
trouve :
« La Suisse pourrait juger le
général Khaled Nezzar
La Suisse a ouvert une procédure
pour crime contre l’humanité à l’encontre du général
algérien Khaled Nezzar. Celui-ci, aujourd’hui âgé de 85 ans,
a été ministre de la Défense et membre du Haut Comité d’État
de 1992 à 1994. Il a joué un rôle central dans la lutte contre
le terrorisme islamiste et s’est toujours opposé à la
torture. Les plaignants, quant à eux, revendiquent être des
islamistes. Ils ont soutenu toutes les actions de la guerre
contre l’Algérie. »
Voir point documentaire
n°6 en bas de texte :
Extrait :
« Général
Khaled Nezzar:
Il a amassé sa fortune particulièrement
lorsqu'il était ministre de la défense. Il a des comptes
bancaires en France,
en Suisse et aux États-Unis. Il possède de nombreuses villas à
Alger, à
Batna et à
Constantine. Il détient des biens immobiliers et fonciers dans
plusieurs wilayas. Il possède une villa aux États-Unis, achetée
en 1992 avec l'argent du contribuable algérien. Son fils, qui a
le monopole d'importation de plusieurs produits
agro-alimentaires, a monté sa compagnie avec un prêt bancaire
de la Banque nationale d'Algérie avec un taux d'intérêt
avoisinant le zéro et un délai de paiement indéfini. Nezzar
Junior s'est lancé dernièrement dans l'aviation civile avec une
compagnie aérienne privée. »
Rappel historique
indispensable :
Qu’est-ce qu’a été ce qu’on
a nommé la troisième guerre d’Algérie, qui s’est déroulée
de 1992 à 2002 ?
La troisième guerre d’Algérie
fait suite à la première guerre de sa conquête par la France
de 1830 à 1871, à la seconde guerre pour son indépendance de
1954 à 1962.
La cause de la troisième guerre
d’Algérie a été la menace de la perte du
pouvoir
sur la totalité des
richesses
algériennes accaparées par une clique de militaires algériens
issue
de la période postérieure à la décolonisation, qui a fini par
mettre la main sur l’ensemble
de
l’appareil productif algérien.
Un mouvement
populaire général de la population algérienne d’opposition
au régime due à son extrême paupérisation, a lieu en 1988,
menant à la tenue des premières élections libres de l’histoire
algérienne en 1991, qui voient la victoire du parti islamique
FIS (Front islamique du Salut), qui fédère la majeure partie de
la population par
son
projet de justice sociale et de moralisation de la vie économique
et politique.
En réaction la clique militaire
prédatrice, dont les services secrets sont le socle, organise en
sous-main une mouvance islamiste radicale et terroriste qui va
justifier des mesures de forces policières, militaires et
judiciaires contre la population, l’interdiction du FIS, la
reprise en main du pouvoir par cette clique, les assassinats des
opposants de toutes obédiences, des intellectuels, artistes, des
individus intègres, des journalistes, des écrivains, la
punition en masse de la population, et sa martyrisation
par
le terrorisme des faux groupes et maquis islamistes créés par
la police secrète (GIA Groupes islamistes armés, que la
population algérienne
dénommait
Groupes islamistes de
l’armée),
l’emploi de la terreur de masse, l’industrialisation à un
niveau inouï de la torture, des enlèvements en série, des
disparitions de masse, des multiples camps secrets de détention.
On estime à environ 200 000 morts le nombre de victimes
du
régime entre 1992 et 2002, soit environ 20 000 par ans (en 1992
il y avait 26 millions d’habitants en Algérie). L’un des
généraux avait déclaré qu’ils étaient prêts à tuer un
tiers voire la moitié de la population pour conserver le
pouvoir. Chaque famille algérienne compte en son sein au moins
une
victime.
La
clique des généraux algériens au pouvoir à l’époque et
toujours actuellement, est issue des DAF, Déserteurs de l’Armée
Française, des officiers arabes algériens qui ont servi dans
l’armée française lors de la guerre d’indépendance, et qui
ont déserté sur ordre des services secrets français pour
rejoindre l’ALN, l’Armée de Libération Nationale
algérienne, de façon à noyauter le futur pouvoir algérien
dans l’intérêt des français, ce qui a finit par arriver. La
population algérienne les a surnommé les marsiens, car ils ont
déserté en masse en mars 1962, juste à la fin de la guerre
d’indépendance.
Les implications et collaborations
des services secrets occidentaux dans le massacre de masse de la
population algérienne de 1992 à 2002 sont évidentes (français,
US, juifs etc ...). On peut penser que la troisième guerre
d’Algérie, soit contre le peuple algérien, a été une guerre
menée par les services occidentaux et juifs, avec en façade
cette clique de généraux.
En bas de cet article,
vous trouverez des références documentaires, sur ces sujets
très documentés, la population algérienne et son corps
d’officiers ayant bénéficié en partie grâce à la longue
occupation française, et par la suite grâce à un régime au
début pro-non-aligné, d’une éducation de haut niveau, a
produit une élite intellectuelle et morale qui s’est impliquée
dans
la résistance à ce que
fut
une seconde conquête de l’Algérie par l’Occident sous la
forme de la guerre de 1992 menée par cette
clique
de généraux. Il a même existé le Mouvement des Officiers
Algériens Libres, MAOL, qui s’est réfugié principalement en
Espagne, qui a beaucoup et longtemps
publié
sur son site internet anp.org qui a disparu fin 2023.
La
proximité de l’élite algérienne avec l’élite française,
due à la longue période coloniale et à la langue française en
commun, a permis la création d’une très riche documentation
qui est sauvegardée.
Face à cela, la clique
néo-coloniale algérienne, en fait des hommes de pailles des
régimes occidentaux et juif, a créé un dispositif très
important de désinformation, avec des antennes en France
principalement, mais dans tous les pays occidentaux, dont l’un
des protagonistes français est le très connu, proche du milieu
sioniste, Mohamed Sifaoui (voir article en bas de page).
On
peut employer le terme de « génocide », en ce qui
concerne cette période absolument horrible de l’histoire
algérienne. En comparaison, l’armée française s’est
comportée de façon digne et civilisée lors de la guerre
d’indépendance.
Cette période de 1992 à 2002 en
Algérie est l’un de summums dans la monstruosité dans toute
l’histoire humaine.
La clique au pouvoir continue à
tenter d’effacer la mémoire et les traces de cette
période.
On peut aussi supputer que cette période et
ce pays ont été le laboratoire d’expérimentation pour la
création et la manipulation d’une mouvance mondiale islamique
terroriste future, qui a donné les attentats du 11 septembre
2001, Al Qaïda, DAESCH, ISIS et autres.
Il semble que
tous les blocs antagonistes ont collaboré à la fabrication de
cette mouvance, russe inclus.
Pour en revenir au
cas Meyssan.
A travers cet article du n°51 de la
lettre hebdomadaire, on voit que ce qui est dénommé Axe de la
résistance n’est qu’un organe des services secrets incluant
ceux algériens, et que Meyssan n’est qu’un homme de paille
de ces services, comme Sifaoui.
On peut relever une
lourde série de contradictions :
Meyssan qui se
réclame de Voltaire, lequel Voltaire est connu pour son action
internationale (il avait ameuté toutes les cours royales
d’Europe), en ce qui concerne l’affaire Callas en 1761, un
protestant injustement accusé du meurtre de son fils converti au
catholicisme, torturé longuement et horriblement, puis mis à
mort), protège des tortionnaires, parmi les plus terribles qu’a
produit l’humanité.
Meyssan, qui dénonce l’actuel
génocide en cours de la population palestinienne, participe à
l’occultation d’un génocide passé et en blanchit les
responsables.
Meyssan qui dénonce les faux attentats
islamistes du 11 septembre 2001 (voir son livre de 2002,
L’Effroyable imposture), occulte le laboratoire mondial qu’a
été l’Algérie de 1992 à 2002, où a été inventé le faux
terrorisme islamiste dont l’une des manifestations a été
justement les faux attentats islamistes du 11 septembre 2001.
Et
que dire de cet article récent paru sur le site Voltairenet.org
(décidément ce pauvre Voltaire doit se retourner dans sa
tombe!)
https://www.voltairenet.org/article220388.html
« Thierry Meyssan, meilleur géopoliticien au monde
2024
Ce classement était établi depuis deux ans par
l’université de Guadalajara. Thierry Meyssan est classé pour
la troisième année consécutive « premier géopoliticien
au monde ». »
Quand même, qui est
derrière tout cela, et quel humour, pourquoi pas le meilleurs
géopoliticien de tout l’Univers, voire des Univers,
et
de tous les temps passés, présents
et
à venir, voire de l’ensemble des mondes et des dimensions
parallèles ?
Qui
se moque et nous fabrique ce culte volontairement, ouvertement,
sciemment
boursoufflé,
caricatural et grotesque de la personnalité ? Qui est
derrière tout cela ?
Et quel anti-Voltaire, car
Voltaire était tout sauf un pantin, un homme de paille.
Et
quel genre de personnage peut bien accepter de se soumettre à un
tel traitement ?
Quant
au génocide en cours de la population palestinienne, concernant
ces gens qui dénoncent ce génocide et qui en même temps en
camouflent un autre et protègent ses auteurs, on ne peut
logiquement que considérer qu’il n’en n’ont rien à faire.
Cela ne les dérange absolument pas que des peuples se fassent
éradiquer.
Documentation :
6 points
1 – Bibliographie (2 livres
indispensables)
2 – Traces conservées du site internet
disparu du MAOL (Mouvement Algérien des Officiers Libres)
3
– Site internet en activité des généraux éradicateurs, tenu
par le fils du général Nezzar
4 - Rudy
Reichstadt, Mohamed Sifaoui, Caroline Fourest et cie
5 –
Article d’Algéria Watch :
Réponse au fils du général
tortionnaire Khaled Nezzar
6 – Article du Quotidien
d’Algérie :
Effarantes
révélations sur le régime algérien
1
- Bibliographie :
1 – 1 Françalgérie,
crimes et mensonges d’États, Lounis Aggoun et Jean-Baptiste
Rivoire, Éditions La Découverte, 2004
1 – 2 Histoire des
services
secrets
algériens, du MALG au DRS, Lyes laribi, Éditions Erick Bonnier,
2016
2
- http://anp.org/fr/index.html
a disparu récemment, 2023
(ex-site
du MAOL Mouvement des Officiers Algériens
Libres).
https://web.archive.org/web/20240000000000*/http://www.anp.orgq
3
– Site Internet des généraux dits « éradicateurs »,
tenu par le fils du général Nezzar
:
https://www.algeriepatriotique.com/
4 -
https://twitter.com/lorientxpress/status/1650093318049603584
Les
cas de Rudy Reichstadt et Mohamed Sifaoui illustrent bien comment
un petit groupe d'amis (proches de la clique
Fourest-Enthoven-Printemps Républicain) a pleinement profité du
#FondsMarianne
5
– Article
de Algéria Watch
https://algeria-watch.org/?p=86768
Réponse au fils du général tortionnaire Khaled
Nezzar
par
AW · Publié juin 14,
2023 · Mis à jour juin 25, 2023
Par
Habib Souaïdia, Algeria-Watch, 14 juin 2023
Le
18 mai 2023, le journal en ligne Algérie
patriotique a
publié un article très étrange intitulé « L’imposteur
Pascal Boniface, le râtelier de Schiappa et le général
tortionnaire ».
Il y est écrit : « Pascal Boniface qualifie le
général Nezzar de “tortionnaire”, en appuyant son propos
par l’affirmation fallacieuse que ce fait serait “documenté”,
mettant ainsi à l’abri de sa vérité apocryphe les
terroristes islamistes qu’il absout de leurs crimes. »
Toute la suite de l’article ne vise qu’à dénoncer la
prétendue « vérité apocryphe » de Boniface,
notamment en qualifiant de « torchon » mon livre La
Sale Guerre (La
Découverte, 2001), où je documentais comme bien d’autres les
crimes des forces spéciales de l’armée. Mais rien n’est dit
de la source de la déclaration attribuée à une « vidéo »
indéterminée du politologue français, ni de la raison pour
laquelle ce dernier aurait récemment éprouvé le besoin
d’évoquer les accusations de « général tortionnaire »
portées contre le général Nezzar, ministre algérien de la
Défense de 1990 à 1993.
En
naviguant sur le Web, on découvre rapidement que cet article
hystérique vise en fait principalement une chronique vidéo de
Boniface au sujet du journaliste algérien Mohamed Sifaoui (dont
Algérie
patriotique ne
cite pas le nom), mis en cause pour son rôle dans le scandale du
« Fond Marianne » de Marlène Schiappa. Le propos
principal de cette chronique, diffusée le 11 mai 2023 sur
YouTube
sous
le titre « Fonds
Marianne, Mohamed Sifaoui : crédibilité médiatique et
complotisme »,
est de relater de nombreux épisodes rocambolesques de la
carrière médiatique de M. Sifaoui attestant son total « manque
de crédibilité ». En dix minutes, Boniface ne consacre
qu’une seule phrase (à 4 mn 8 sec.) au « cas Nezzar » :
« En 2002, [Mohamed Sifaoui] a accepté d’aller témoigner
en faveur du général Nezzar, accusé d’être tortionnaire, ce
qui était largement documenté. » Il est étonnant que
cette seule phrase ait suffi à déclencher la logorrhée
haineuse du journaliste d’Algérie
patriotique.
Mais cette réaction est significative de la sensibilité
toujours actuelle du sujet dans l’Algérie des généraux et
mérite donc qu’on s’y attarde.
Dans
le monde de Nezzar et ses sbires, la vérité n’a pas de place
Rien
ne vaut l’examen des faits : le général Khaled Nezzar
est-il ou non un « tortionnaire » ? On sait que
celui qui est le propriétaire principal d’Algérie
patriotique, journal dirigé par son fils, est poursuivi en
Suisse depuis 2011 pour « crimes de guerre et
crimes contre l’humanité ». On sait aussi qu’en
Algérie, une partie du passé, surtout ce qui a eu lieu
entre 1991 et 2002, fut effacée de la mémoire
officielle grâce à une atroce loi d’amnistie imposant
l’amnésie comme raison d’État. Peut-être a-t-on oublié
dans quel carcan, dans quel étau nous a enfermés le chef de la
junte militaire et du coup d’État de janvier 1992 ?
On
le sait depuis plus de vingt ans par de très nombreux
témoignages irréfutables (voir notamment ceux
réunis en 2004 par le Tribunal permanent des peuples),
la guerre impitoyable contre les civils qui l’a suivi a
engendré des monstres, des coupeurs de têtes, des camps de
concentration, des centres de détention secrets, des massacres,
des disparus, des tribunaux d’exceptions, des juges cagoulés
rendant des « injustices » en cascade… Elle a créé
des légions de terroristes infiltrés par les services spéciaux,
des faux émirs et des faux groupes terroristes, des vrais et
faux attentats, des assassinats ciblés, des réfugiés, des
orphelins, des veuves qui réclament leur mari enlevé par les
forces de sécurité ou par des groupes armés se réclamant de
l’islam… Lisons les journaux d’époque, véhicules parfois
de l’opinion. Écoutons ce que disaient les victimes dans la
presse et sur les chaînes de télévision, là où il y avait un
petit espace d’expression, avec tout leur cœur, tout leur
courage et toute leur foi. Lisons leurs récits, leurs
témoignages. Écoutons les victimes toujours en vie pour
raconter la torture qu’elles ont subie dans les centres de
détention secrets à l’époque où Nezzar était aux
commandes. Une seule victime aurait suffi à la condamnation
universelle, mais Nezzar et ses collègues putschistes voyaient
grand, avec tout un arsenal à leur service. Ils disposaient de
la menace maffieuse et constante de l’état-major, cette caste
parasitaire injustifiée dans une nation de 40 millions
d’habitants et qui dévore aujourd’hui 22 % du budget de
l’État, des forces armées qui au cours des trente dernières
années n’ont combattu que leur peuple.
J’ai
vu l’injustice levant un front audacieux, l’humanité
outragée, le peuple abandonné aux terroristes ou opprimé par
l’armée. Mais dans le monde où vivent le général Khaled
Nezzar et ses sbires, la vérité n’a pas de place et Algérie
patriotique ne recule devant rien. Depuis une dizaine
d’années que ses journalistes militants de la junte sont à
l’œuvre, on a du mal à trouver une cause juste contre
laquelle ils ne se sont pas dressés : les disparus :
« c’est une supercherie » ; la dénonciation
de la torture : « c’est un complot visant une
institution républicaine » ; la lutte
anticorruption : « nous n’avons pas de corrompus » ;
l’impunité des criminels : « c’est uniquement les
islamistes » ; la mise en cause des généraux
tortionnaires : « ils sont républicains » ;
le Hirak : « c’est un complot »… Ils ne
trouvent que des qualités à tout ce qu’un individu décent
désapprouve instinctivement. Les journalistes du site Algérie
patriotique se sont livrés à une propagande incessante
contre la justice, la presse, les militants démocratiques et la
recherche scientifique, les voix libres.
Ils
ont mené des campagnes injurieuses contre les écrivains qui
méritent d’être lus, les journalistes, les intellectuels, les
opposants, les victimes de la dictature. Ils sont viscéralement
anti-vérité. Seuls le mensonge, l’abêtissement et
l’autoritarisme les animent. Quand le journaliste met en cause
Pascal Boniface et « ses compères du qui tue qui »
accusant le général Nezzar de « tortionnaire », il
falsifie l’histoire établie, en lui faisant prendre une pente
amnésique sur les plaintes déposées en France contre Khaled
Nezzar, ainsi que sur les rapports des organisations
humanitaires, les documents et les livres écrits sur le sujet.
Le journaliste aurait pu au moins relater le communiqué
d’Associated Press du 1er juillet
2002 qui
annonçait une énième plainte déposée à Paris par neuf
Algériens contre l’ancien ministre de la Défense pour
« torture et traitement cruels, inhumains et
dégradations ». Ou par exemple citer les communiqués de
presse du parquet fédéral suisse dont l’un
valait en
2018 profession de foi : « Le tribunal pénal fédéral
refuse de classer l’affaire Nezzar. »
Le
procès de « la sale guerre »
Il
y a de l’imposture dans ce journal qui présente le procès de
juillet 2002 à Paris, suite à la plainte en diffamation
contre moi du général Nezzar, comme un procès « intenté
par le général Nezzar contre François Gèze et sa clique ».
Le summum de la bêtise et de la manipulation.
Là
encore, je pense qu’un petit rappel sur ce « procès de
La
sale guerre »
que le général Nezzar appelle le « procès de Paris »
ne fera pas de mal par ce temps d’amnésie générale (voir les
minutes
intégrales des audiences
publiées
peu après par La Découverte). Quand le général Khaled Nezzar
a convoqué une conférence de presse en 2001 à Alger, il s’est
référé à la diffusion, le 27 mai 2001, sur la chaîne
publique La Cinquième, d’une émission intitulée « Droits
d’auteurs » d’une durée de cinquante minutes, au cours
de laquelle sont intervenus l’historien français Pierre
Vidal-Naquet et l’écrivain Noël Favrelière, dit Noureddine
(ex-sous-officier parachutiste de l’armée française durant la
guerre d’Algérie, il avait déserté en 1956 pour sauver des
combattants du FLN de l’exécution extrajudiciaire ; il
est l’auteur d’un récit Le
Désert à l’aube publié
par les Éditions de Minuit en 1960). Dans ce cadre, j’étais
invité pour évoquer mon ouvrage La
Sale Guerre,
publié aux Éditions La Découverte en février ; j’ai
dénoncé la responsabilité de Khaled Nezzar comme ancien
ministre de la Défense dans la terrible « sale guerre »
conduite par les généraux contre la population civile, et je
l’ai accusé d’être un « lâche » ayant fui ses
responsabilités devant la justice française après qu’une
plainte pour torture a été déposée contre lui à Paris. C’est
pourquoi le général m’a attaqué en diffamation. Le procès
s’est déroulé pendant une semaine en juillet 2002, avec
de nombreux témoins convoqués par les avocats des deux parties,
dont, en faveur du général Nezzar, un certain… Mohamed
Sifaoui.
Le
récit fantaisiste de cet épisode par le journaliste d’Algérie
patriotique reprend
curieusement, et très fidèlement, l’argumentaire mensonger
d’un
article publié le 28 août 2007
sur
le site Prochoix.org par la journaliste Caroline Fourest, qui y
saluait un
film controversé à
la gloire de son ami Sifaoui, témoin de Khaled Nezzar (voir la
critique
argumentée de ce film par
le journaliste Alain Gresh, et ma
réponse à Fourest).
Seize ans après, le journal militant s’essaie à nouveau à
réécrire le réel comme au temps des propagandes à gros
sabots… Alors que, quand je l’ai rencontré en 2000, Sifaoui
clamait partout qu’il avait dû se réfugier en France pour
fuir la persécution de l’armée algérienne (avant de s’y
rallier publiquement un an après), le journaliste d’Algérie
patriotique n’hésite
pas à mentir avec aplomb : « Cet ancien journaliste a
fui non pas le “régime des généraux” mais les hordes
islamistes sauvages auxquelles François Mitterrand a ouvert
toutes grandes les portes de la France pour y commettre des
attentats à peine trois ans plus tard. »
Mais
là aussi, la manière de transformer le témoin de Nezzar est
tout aussi bancale. « Fuir les hordes islamistes »,
comme s’il y avait en Algérie deux régimes, un « militaire »
et l’autre « islamiste » ? Que dire alors du
rapport de Reporters sans frontière (RSF) qui a soutenu Sifaoui
en 2000 en affirmant : « Mohamed Sifaoui a subi un
véritable harcèlement et reçu des menaces de la part des
militaires pour avoir tenté d’enquêter sur certains
assassinats et sur la question des “disparus”. Craignant pour
sa vie, il dut s’exiler fin 1999 » ? C’est sur la
base de ce témoignage – résultat de la naïveté de RSF,
abusé par Sifaoui – que l’OFPRA a accordé le statut de
réfugié politique au témoin du général Khaled Nezzar. Je
pourrais continuer à citer d’autres faits vérifiables, mais à
quoi bon tenter de convaincre des gens qui écrivent des articles
sans aucun rapport avec les faits ? Je conseillerais à
quiconque veut s’essayer à comprendre l’Algérie et son
histoire récente de laisser tomber les livres du général
Khaled Nezzar et des « démocrates non pratiquants »
éradicateurs algériens, qui ressemblent un peu à ceux des
régimes fascistes d’autrefois et qui sont fort ennuyeux.
Mon
intention première n’était pas d’examiner en détail les
articles orduriers et mensongers de tout ce qu’a écrit la
presse algérienne sur cette période, mais il y a quelque chose
dont il me fallait absolument parler. Comme, semble-t-il, bien
peu vont le faire, je veux m’élever contre l’attitude vile
et lâche adoptée par la presse nationale et nombre
d’intellectuels et journalistes algériens devant la
falsification et la manipulation de l’histoire dans ce pays. Ce
qui m’inquiète, c’est l’attitude de ces intellectuels,
écrivains et journalistes, qui disent partager la version des
faits du régime, quelle que soit la direction qu’elle prenne –
dans le passé, comme dans le cas présent, ils se sont abaissés
jusqu’à prétendre que « les disparus en Algérie ont
rejoint les maquis » ! Ils devraient se rappeler qu’on
finit toujours par payer sa malhonnêteté et sa couardise. Et
qu’on ne peut imaginer que, pendant des années, on peut se
comporter en lèche-bottes propagandiste de la dictature, ou de
tout autre régime, puis retrouver un beau jour une normalité
mentale.
Ils
devraient se rappeler qu’en 2019 le général Khaled Nezzar,
toujours poursuivi en justice pour crimes de guerre en Suisse et
menacé en Algérie de poursuites pour « complot contre
l’autorité de l’armée et de l’État », s’était
provisoirement auto-exilé à
Barcelone après avoir fui la justice militaire algérienne (mais
son entregent lui a permis de revenir ensuite sans difficulté).
Et qu’en septembre 2019, on a vu à la télévision
publique le puissant ex-chef du Département de renseignement et
de sécurité (DRS), le général Mohamed « Tewfik »
Médiène, escalader les marches du tribunal militaire de Blida ?
(Il y sera condamné à quinze ans de prison, mais gracié en
2021.) À l’heure où j’écris ces lignes, plus de cent
cinquante officiers et généraux-majors – la fine fleur de
l’armée « républicaine » et qui ont fait « des
grandes écoles » comme l’a rappelé Khaled Nezzar –
sont en prison pour corruption, complot, trahison… et j’en
passe. Même si c’est d’abord le résultat de luttes de clans
et de règlements de comptes entre « décideurs » et
si le citoyen ordinaire n’a aucune idée de l’énormité d’un
tel scandale, cela montre en tout cas le vrai visage de la caste
de généraux prétendument « républicains » qui
possède l’Algérie. Et que leurs complices civils ne sont pas
à l’abri des règlements de comptes. En ira-t-il un jour de
même pour leurs relais en France ?
6
- Effarantes
révélations sur le régime algérien
Affaires
Des Généraux Publié dans Le
Quotidien d'Algérie le 25 - 10 - 2009
https://www.djazairess.com/fr/lequotidien/7501
Mouvement
Algérien des officiers libres (MAOL)
Le cours de
l'histoire de l'Algérie a changé par la survenue de nombreux
événements en une période de temps relativement courte. La
métamorphose que l'armée a subit y a largement contribué. Dans
une première phase, l'ANP a connu une série de changements
profonds entre janvier 92, date du coup d'état contre Chadli
Bendjedid et juin 92, date du meurtre de Mohamed Boudiaf, et qui
se sont traduits par l'éloignement des « hommes » de Chadli
des postes stratégiques. Les changements les plus importants
sont survenus après l'assassinat du président Boudiaf, et c'est
cette période critique qui a été la plus mouvementée et sans
doute la plus sanglante de toute l'histoire de l'armée, surtout
durant l'année 1997.
Pour comprendre la situation actuelle,
il faut remonter un peu dans le temps et plus précisément à la
période qui a précédé les événements d'octobre 88; à cette
époque mouvementée, les services de la sécurité militaire
(DCSM) étaient en pleine décomposition suite à une série de
décisions pseudo-politiques assassines prises à la fin des
années 80.
Le Syndrome Belkheir:
Larbi Belkheir
qui était alors chef de cabinet de Chadli Bendjedid en charge de
la question « Sécurité Nationale » avait tout fait pour
diminuer de l'efficacité des services secrets ou du moins
canaliser leur travail. Pour se faire, il avait réussi à
convaincre Chadli de la nécessité d'une restructuration des
services secrets en vue d'un meilleur contrôle des structures de
l'état. Larbi Belkheir savait plus que quiconque qu'il fallait
diviser pour durer, et diviser les services secrets n'était pas
tâche facile et surtout pas à la portée du premier venu.
C'était la raison pour laquelle il avait présenté son projet
sous l'optique du modernisme occidental et du souci sécuritaire;
en réalité, Chadli Bendjedid avait approuvé cette mesure,
parce qu'elle allait le conforter dans son poste, mais aussi
parce qu'il fallait absolument séparer Kasdi Merbah (l'homme qui
l'avait amené au pouvoir) de ses anciens contacts qui étaient
restés actifs au sein de la DCSM.
Le général Medjdoub
Lakhal Ayat qui avait été désigné à la tête de la direction
centrale de la sécurité militaire (DCSM) après le départ de
Kasdi Merbah, était un personnage tout à fait contraire à son
prédécesseur. Ex-officier de l'armée française tout comme
Chadli, sa passivité et son attachement au service de la
personne de Chadli avaient été des facteurs décisifs pour sa
nomination à la tête de la SM. Lakhal Ayat était tout à fait
acquit aux thèses révisionnistes de son ami Larbi Belkheir, et
avait accepté la division de la DCSM ainsi que la suppression de
certains de ses plus importants services sans difficultés face
aux insistances de Larbi Belkheir. C'était à cette occasion que
le fameux service de la prévention économique (Le PE, une sous
direction de la DCSM en charge des investigations de crimes
économiques, détournements, malversations, corruption… etc)
avait été dissous, à cause du nombre important d'affaires que
le service traitait et envoyait pour être jugées à la court
des comptes d'une part, mais surtout à cause de la qualité des
personnes mises en cause par les investigations du service dans
ces affaires et qui venaient de mettre à nu le noyau de ce qui
sera quelques années plus tard connu sous le nom de la mafia
politico-militaire.
En réalité, au lieu de présenter à
la justice les personnes mises en examen pour ce qui était à
l'époque considéré comme un délit très grave, les choses ont
été simplifiées par l'élimination d'un service tout entier
par une simple décision politique; la porte était alors grande
ouverte devant tous les rapaces qui n'ont pas perdu leur temps
depuis.
Tout cela n'était qu'un des objectifs primaires
fixés par Larbi Belkheir, et non pas le plus important, il avait
même réussi à imposer l'idée que le nouveau service qui
remplaçait la DCSM avait besoin de jeunes cadres et que les
anciens étaient bons pour la retraite, et ainsi des centaines de
cadres de la DCSM furent mis à la retraite anticipée ou
affectés vers d'autres secteurs et remplacés par de jeunes
recrues sans la moindre expérience. La passation du savoir n'a
jamais eu lieu entre les deux générations du service.
Suite
à cela, Chadli Bendjedid avait officialisé le projet de
Belkheir par un décret présidentiel, et deux services avaient
en effet vu le jour :
* La Délégation Générale à la
Documentation et à la Sécurité (DGDS), service responsable de
la sécurité intérieure et extérieure du pays, constitué
d'anciens cadres de la DCSM (les plus rapprochés de Lakhal Ayat
et donc de Belkheir) et d'autres recrutés du civil sur concours
ou recommandation.
* La sécurité de l'armée (DCSA) qui
avait pour mission la sécurité de l'armée avec pour seule
recommandation de ne pas se mêler des affaires qui relevaient du
secteur de la Sécurité intérieure, de la sécurité
présidentielle, du secteur économique et surtout de la sécurité
extérieure. En réalité la SA qui avait du temps de Merbah les
pleins pouvoirs (puisqu'elle avait pour mission la sécurité de
toute l'armée et par conséquent celle de toute la nation),
était reléguée au second plan, celui de simple policier de
l'ANP et de simple conseiller à la sécurité nationale.
La
fracture était profonde et les mécontents au sein même de la
DCSA étaient nombreux, il était dur pour eux d'accepter après
des années de loyaux services d'être mis sur une voie de
garage. Les cadres de la DCSA avaient refusé cette politique des
demi-mesures et avaient tout fait pour désobéir aux ordres
reçus (avec la bénédiction de certains chefs) en travaillant
sur des affaires qui relevaient désormais de la compétence de
la DGDS malgre un appauvrissement très important en moyens
materiels décidé par le commandement. La guerre des services
commençait à faire rage, chaque service voulait s'imposer sur
le terrain, et les potentialités des services opérationnels des
deux côtés étaient par conséquent détournées de leurs
vraies missions et les décideurs pouvaient ainsi faire des
affaires sans être inquiétés.
C'est grâce à la
conscience de certains cadres de la DCSA que l'affaire «
Mouhouche » par exemple avait vu le jour. Toutes les
investigations avaient été faites dans le secret le plus
absolu, le prénommé Mouhouche avait été trouvé coupable de
détournement de plusieurs millions de dollars avec son complice
Toufik Bendjedid (le fils aîné de Chadli), et c'était Larbi
Belkheir qui avait donné un coup de pousse à Toufik Bendjedid
pour l'obtention du prêt bancaire en devises auprès de la BEA.
Quand l'affaire avait été rendu publique, Larbi Belkheir avait
réussi à soustraire le fils de Chadli à la justice en
l'envoyant par avion spécial à son oncle, en poste au
Venezuela,
et le petit capitaine procureur militaire de l'époque en
l'occurrence le capitaine Belkacem Boukhari (devenu général
après la condamnation des leaders du FIS en 90) avait été
relevé de ses fonctions à Blida
après avoir demandé à écouter Toufik Bendjedid. Il n'avait eu
que les insultes de Belkheir au téléphone, avec l'arrogance qui
était bien celle de ce dernier.
Belkheir avait joué le
rôle de sauveur pour Chadli qui lui cédait la gestion des
affaires de l'état un peu plus chaque jour. Une autre affaire
avait encore fait du bruit, incriminant l'un des bras droits de
Belkhier ; ce dernier l'avait nommé comme directeur de Riadh El
Feth (et avant cela comme responsable du projet de contruction de
tout le site), le colonel Hocine Senouci avait géré le complexe
pour son propre compte et pour celui de Belkheir allant même
jusqu'à imprimer des tickets d'entrée pour le centre et qui
rapportaient chaque jour des dizaines de milliers de dinars (cash
reversé aux comptes des deux complices). Senouci fut arrêté
par la DCSA puis relâché sans la moindre poursuite mise à part
une réaffectation par Belkheir à la présidence de la
république avec quelques millions de dinars en poche. Belkheir
avait évoqué un vice de forme de la procédure: la DCSA n'etant
pas autorisé à gérer ce genre de dossier qui était désormais
clos. Les affaires qui mettaient à nu Belkheir étaient
nombreuses, mais les pressions étaient trop fortes et parfois
insupportables; à chaque fois qu'une affaire apparaissait, des
sanctions suivies de mutations étaient prises contre les
officiers qui avaient fait du zèle!
Quelques mois avant les
événements d'octobre (mis en scène par Larbi Belkheir & CO
pour liquider le FLN des sphères du commandement de l'état au
profit de la présidence), les services opérationnels de la DGDS
(plus tard DGPS) étaient en plein délabrement. Dotés de
nouvelles recrues sans expérience aucune, les services de
renseignement en général avaient perdu leur efficacité
habituelle ; même le travail qui était fait n'avait plus aucune
relation avec la sécurité de l'état, et la plupart des
dossiers traités, était ordonnée par le commandement et
concernait des personnes bien précises. Ce travail était appelé
au sein du service opérationnel : enquêtes de sécurité; leur
seul but était la collecte d'informations capables de servir à
court ou long terme comme moyens de pressions et de manipulations
d'objectifs civils et militaires ! Un objectif visé était une
cible atteinte même s'il fallait faire toute une mise en scène
pour faire tomber la personne en question.
Comme la
compromission a toujours été le meilleur moyen de contrôle et
de manipulation des sujets intéressants, Larbi Belkheir aidé
par Lakhal Ayat, avait réussi de la sorte à construire une base
de données très solide, visant à contrôler toute la classe
politique du pays, tous bords confondus.
Suite à la maladie
inopinée du gènèral Lakhal Ayat, ce dernier avait demandé au
président Chadli de prendre sa retraite. C'était le général
Mohamed Betchine qui fut nommé par Chadli en personne au poste
de directeur de la DGPS. Chadli avait pensé remplacer plus tard
Larbi Belkheir par Betchine, comme il devait le faire quelques
années auparavant par le géneral Bouceta, Mais Larbi Belkheir
était toujours en alerte et savait agir le moment venu.
En
arrivant aux commandes de la DGPS (Direction Générale de la
Prévention et Sécurité), après avoir passé plus d'une année
à la tête de la direction centrale de la sécurité de l'armée
(DCSA), le général Mohamed Betchine s'était vite entouré
(comme de coutume), d'officiers en qui il avait confiance et sur
lesquels il pouvait compter. La sensibilité de son nouveau poste
lui avait imposé certains changements qu'il avait vite opéré à
la tête des sous directions de la DGPS, en commençant par les
plus sensibles, à savoir le service opérationnel ANTAR à Ben
Aknoun, la DDSE, les finances et le chiffre.
Il était
impératif pour Betchine de faire un peu le ménage dans cette
nouvelle direction qui avait souffert suite à la division de la
direction mère (DCSM), et plusieurs officiers à la réputation
douteuse ont été purement invités à faire valoir leur droit à
la retraite anticipée. Parmi ces officiers figurait le
lieutenant colonel Smain Lamari, qui a été chassé par Betchine
en personne de son bureau au siège de la direction de la DRS à
Dely-Ibrahim après que Smain soit venu demander à son nouveau
chef la reconsidération de cette décision.
Smain Lamari
dit Elhadj avait alors demandé secours à Larbi Belkheir (avec
qui il avait construit avec le temps des liens étroits) qui le
sauva ainsi d'une triste fin en le nommant auprès de lui à la
présidence de la république.
Comme Betchine lui-même
était un officier issu de l'armée régulière, il était
biensûr évident que les officiers qu'il voulait auprès de lui
soient pour la plupart de la même origine, le reste des
officiers furent puisés dans les effectifs de la DCSA où il
avait réussi à se construire une base d'appui avec des éléments
comme le commandant Abdelhak Benzlikha alias Commandant Abdelhak
qui était directeur du CPMI dans la période où Betchine était
à la DCSA, et qui avait suivi Betchine à la DGPS et avait pris
le commandement du centre opérationnel ANTAR.
Tant que
Betchine était à la tête de la DCSA, il était loin des
pressions exercées par les différents acteurs du pouvoir, mais
au moment où il est passé à la tête de la puissante DGPS, il
fut astreint à plus d'obligations dont la plus rude était de
rendre des comptes à Larbi Belkheir. Les deux hommes étaient
courtois au début mais très vite cette courtoisie avait cédé
la place à la discorde et à la mésentente; Larbi Belkheir
voulait que tout le monde lui rende des comptes avant le
président de la république et donnait même des ordres à
Betchine qui n'était pas une personne à faire les petites
courbettes face à ce moudjahid de seconde classe qu'il
considerait en fait comme un homme au passé douteux.
En
novembre 89, Belkheir avait réussi son premier coup de stratège,
en réussissant à convaincre Chadli Bendjedid de limoger Kasdi
Merbah de son poste de Premier ministre sous prétexte d'une
tentative de coup d'état que Kasdi préparait avec l'aide de
Betchine d'une part, et de nommer Mouloud Hamrouche qui était le
secrétaire général de la présidence (ami personnel de
Betchine et rival de Belkheir au siège de la présidence) au
poste de Premier ministre à la tête du nouveau gouvernement
d'autre part; il venait ainsi de se consacrer maître absolu de
la présidence de la république en accumulant le poste de chef
de cabinet et celui de secrétaire général. Kasdi Merbah ne
pouvait pas du tout imaginer qu'un officier de seconde zone comme
Larbi Belkheir pouvait réussir toutes ces combines et avoir
raison du maître de l'intelligence en Algérie, mais plus grave
encore, il était loin de se douter que ce même officier allait
ordonner sa liquidation physique quatre ans plus tard alors que
Merbah préparait sa revanche avec le président Mohamed
Boudiaf.
Grand calculateur ou génie du mal, Larbi Belkheir
préparait son dauphin Mohamed Mediene qu'il avait plaçé à la
tête de la DCSA après le départ de Betchine en 1990, pour
prendre sa chance. Quand Larbi Belkheir ne pouvait plus contrôler
Betchine, il était très facile pour lui de convaincre une fois
de plus Chadli de le remplacer. Le candidat au poste de la
nouvelle direction unifiée DGPS-DCSA (Appelée DRS par décret
présidentiel une fois de plus) était fin prêt ; le général
Mediene Mohamed Alias Toufik, un produit fait maison que Belkheir
avait façonné comme un artiste. Toufik était chef de sécurité
au bureau de la 2ème région militaire à Oran
(DRSM2) au moment où chadli était chef de région, les deux
hommes se rencontraient très souvent autour d'une table pour
jouer aux cartes avec entre autres Belkheir. Toufik était déjà
à cette période très proche de Chadli qu'il couvrait vis-à-vis
de la DCSM. Chadli avait eu des altercations avec l'officier
prédécesseur de toufik au poste de DRSM2 parce que l'officier
en question faisait son travail et menait des investigations sur
l'enrichissement illégal de certains notables à Oran
intimement liés à Chadli. La nomination de Toufik était une
aubaine et les trois hommes ne se quittaient jamais.
Smain
Lamari a été promu après le départ de Betchine au grade de
Colonel et nommé plus tard à la tête de la DCE (Direction du
Contre Espionnage). Larbi Belkheir avait réussi (façon
Frankenstein) à créer les deux monstres les plus redoutables de
toute l'histoire de l'Algérie; sa seule motivation était
l'enrichissement personnel et la protection de ses biens. Des
années plus tard, les produits de cette macabre science du
complot, surpassèrent le maître et restent encore à ce jour à
leurs postes.
De Chadli à Zeroual :
A la fin de
l'année 1991, lorsque la situation en Algérie était
bouillante, Le général Mohamed Lamari, alors chef des forces
terrestres à l'état major de l'ANP, s'était distingué par son
opposition à la politique pro-islamiste du président Chadli
qu'il critiquait ouvertement dans les sphères du commandement de
l'armée, et plus grave encore, il faisait même du lobying parmi
les chefs de l'ANP et appelait au renversement de Chadli par la
force. Ses cris étaient tellement forts qu'ils étaient même
arrivés à la population civile qui parlait dans la rue de
l'imminence d'un coup d'état contre Chadli. Le président de la
république eut biensûr connaissance de ces rumeurs qu'il savait
fondées, et devant la montée de la pression au sein de l'armée,
il demanda au chef de la garde républicaine, le général
Mohamed Dib, des informations sur la capacité du corps de la
garde républicaine à contrecarrer un coup d'état. La question
était surprenante pour le général Dib qui répondit par son
incompétence à protéger le siège de la présidence sans
l'appui d'armes lourdes car celles-ci avaient été reversées à
l'état major de l'ANP au mois d'octobre 91, sur les ordres de
Chadli lui-même. Chadli s'étonna de cette réponse qui lui fut
confirmée par Larbi Belkheir; Ce dernier lui avait fait signer
l'ordre sans même qu'il ne s'en aperçoive.
Partisan
farouche de la prise ouverte du pouvoir par l'ANP « comme au
Chili », Mohamed Lamari agaçait Khaled Nezar par son arrogance
et son indiscipline. Le terme « coup d'état » était un tabou
dans le langage militaire, lourd de conséquences, mais Mohamed
Lamari fonçait la tête baissée sans réfléchir, et au lieu de
faire passer l'éviction de Chadli comme une décision volontaire
et réfléchie de démission (pour diminuer l'effet à l'échelle
nationale et internationale), les gesticulations de Mohamed
Lamari avaient contrecarrer cela et le monde entier parlait de
coup d'état militaire, pire il avait donné un argument de
taille aux opposants de tout azimut : « l'illégalité », ce
qui lui avait valu d'être demis de son poste de CFT le 19 avril
1992, et nommé à un poste fantôme de « conseiller au MDN ».
Presque tout de suite après, il fut invité à faire valoir son
droit à la retraite.
Après la liquidation de Boudiaf,
l'ANP fut frappée de plein fouet par les retombés politiques et
médiatiques de cette affaire. Le climat au sein de l'institution
militaire était des plus électriques, et le fait qu'une poignée
de généraux au sommet de cette même hiérarchie ait eu une
telle initiative, était une chose tout à fait inadmissible mais
surtout dangereuse pour l'avenir de l'ANP. Plusieurs officiers de
haut rang s'étaient joints pour condamner ouvertement l'attitude
laxiste du ministre de la défense, Khaled Nezar, face à la
situation ainsi que celle des services en charge de la sécurité
du président.
Ce qui était très grave, est que la
situation était sans précédent et que pour la première fois
au sein même de l'ANP, des officiers avaient osé critiquer et
exprimer ouvertement leurs refus et leur indignation face à un
tel acte. L'image était très claire et les suspicions d'un
complot n'avaient nul besoin de subsister puisque la certitude
était acquise pour une bonne partie du personnel militaire. Pour
la nouvelle génération d'officiers, combattre le terrorisme
était une mission que l'armée pouvait endosser sans hésitation,
mais liquider Si Tayeb, un des piliers de la révolution était
tout à fait contraire aux principes même de fondement de
l'ANP.
Les généraux Khaled Nezar, Mohamed Touati et Toufik
étaient dépassés par les répercutions de l'opération
Boudiaf, et avaient très certainement misé sur l'esprit de
rigueur militaire et le respect hiérarchique pour contenir toute
forme de mécontentement. Le contraire s'était produit, et
l'effet était dévastateur : la perte de confiance dans le
commandement de l'armée était palpable, ce qui avait obligé
les responsables à convoquer, en toute urgence, le conseil de la
défense (Chefs de corps et régions militaires ainsi que les
différents chefs d'états majors et les inspecteurs) au
cinquième jour de l'assassinat du président Boudiaf.
Le
jour de la réunion, la gravité de la situation pouvait se
mesurer par le poids du silence qui régnait dans la salle de
réunion située non loin du bureau du ministre de la défense.
Les généraux responsables de la crise en l'occurrence Khaled
Nezar, Mohamed Mediene, Mohamed Touati, Mohamed Ghenim,
Abdelmalek Guenaizia et BenAbbes Gheziel étaient assis en face
du reste des cadres de l'ANP. Nezar et Toufik s'adressèrent
successivement aux responsables de l'ANP sur un ton ferme et
plutôt autoritaire qui soulignait bien le criticisme du moment
et des assurances furent données pour que la justice puisse
faire son travail avec le plus de transparence possible (en
respectant le secret militaire). Il était bien évident à
l'expression affichée par certains visages présents à cette
réunion, que les arguments déguisés et les assurances
présentées par le ministre et son responsable des services de
la DRS étaient loin de convaincre, et cachaient mal une
magouille qui sentait le sang.
Quand la parole fut donné
aux membres présents, de rares officiers avaient osé s'exprimer
demandant des sanctions allant jusqu'à la démission de tous les
responsables du corps de la sécurité « comme cela se fait dans
toutes les armées du monde », parmi lesquels, le général
Hocine Benhadid, le plus jeune général de l'ANP, le général
Khelifa Rahim, chef de la deuxième région militaire et Le
général Yahia Rahal, inspecteur des forces aériennes. Le
général Toufik ne pardonna jamais au général Benhadid de
s'être exprimé en premier comme l'aurait fait un fervent
opposant à la politique des généraux putschistes, mais aussi
et surtout d'avoir osé demander au ministre de la défense de
prendre ses responsabilités et de sanctionner les responsables à
haute échelle pour préserver la réputation de l'ANP.
Même
le général Mohamed Touati avait essayé d'y mettre du sien en
banalisant la situation qu'il trouvait tout à fait normale vu
l'infiltration de l'ANP par des éléments adhérant au courant
islamiste; Boumaarafi était un exemple typique selon lui et pour
palier a cette faille, il fallait selon ses termes « faire un
peu le ménage dans la maison et sectionner tous les membres
malades; « Si ton bras droit te gêne alors coupes-le ».
Certains officiers ne partageaient pas l'idée de ce « ménage »
et ils le firent savoir; chaque mot prononcé, résonnait comme
un obus dans la salle!
Face au silence du chef d'état major
Abdelmalek Guenaizia, Khaled Nezar finit par perdre son sang
froid; ses dernières paroles étaient des menaces très claires
contre tous ceux qui mettraient en danger l'unité du rang
militaire. Les rares opposants avaient reçu des réponses en
messages à peine voilés ; une nouvelle aire avait commencé
pour les officiers de l'ANP. Le seul officier qui avait prit la
parole après le ministre de la défense était le général
Mohamed Lamari; son allocution n'avait pour objectif que le
soutien inconditionnel des mesures proposées par Touati et
s'était même permis de proposer à Khaled Nezar de prendre les
rênes du pouvoir; les civils selon Mohamed Lamari étaient des
bons à rien, indisciplinés qui ne pouvaient rien faire
d'eux-mêmes ; le peuple algérien qu'il appelait, »société
civile » n'avait aucune maturité politique, et donc incapable
d'être confié la direction de l'état.
Cette intervention
avait sauvé Mohamed Lamari; Khaled Nezar qui cherchait des
fonceurs qui ne reculaient devant rien, avait fini par trouver ce
qu'il cherchait. Mohamed lamari fut convoqué le jour même au
bureau du ministre qui lui annonça de bonnes nouvelles. Le nom
de Mohamed Lamari fut rajouté in extremis à la liste des
généraux (Mohamed Djenouhat, Tayeb Derradji, Khelifa Rahim et
Djouadi Abdelhamid) promus au grade de « général major », le
05 juillet 1992. De plus un nouveau corps fut crée spécialement
pour lui, le CCLAS (Commandement de Coordination de la lutte
Contre les Activités Subversives), sa mission: La chasse au
sanglier.
Quelques semaines après, d'autres réunions, plus
intimes, eurent lieu entre Khaled Nezar, Mohamed Touati, Mohamed
Mediene, Abbess Gheziel et Abdelmalek Guenaizia, l'ordre du jour
était la discussion de l'opération « Ménage ». Les décisions
qui avaient découlé de cette mesure étaient à peine
croyables, des mises en retraite anticipée, des radiations sans
droits, des arrestations et même des liquidations physiques de
sang froid. Le général Mohamed Lamari était tout le temps sur
le terrain et aidé par Toufik, il avait réussi plusieurs
opérations sur tout le territoire de la première région
militaire, sa devise était de frapper fort et vite les groupes
terroristes et rentrer à la base avec zéro prisonnier. Le
ministre de la défense lui accordait tous les moyens matériels
et humains dont il avait besoin et ses hommes étaient choisis
parmi l'élite des forces spéciales (Commandos). Ses méthodes «
choc » ne faisait pas l'unanimité parmi les autres officiers de
l'ANP, et il s'était fait beaucoup d'ennemis parmi lesquels les
généraux : Hocine Behadid, Khelifa Rahim et surtout Abdelmalek
Guenaizia, le chef d'état major qui se plaignait tout le temps à
Khaled Nezar du comportement de son protégé, mais le ministre
de la défense ainsi que Mohamed Touati prenaient toujours la
défense de Mohamed Lamari.
Dans le magazine officiel de
l'ANP « Eldjeich » paru le 09 mars 1993, le général major
Mohamed Touati (porte-parole du MDN et conseiller politique du
ministre de la défense Khaled Nezar) avait pris l'initiative de
publier un article dans lequel il avait longuement détaillé la
position de l'ANP et avait expliqué les raisons du choix fait
par le commandement de l'armée pour contrer l'islamisme.
L'article signé par Touati était sans précédent de part son
contenu, car en réalité le général Touati avait expliqué sa
théorie (déjà connue et approuvée par les « Janviéristes »
depuis le coup d'état contre Chadli) du tout sécuritaire ou
l'éradication. Le message était adressé aux cadres de l'ANP
qui devaient comme leurs chefs, adhérer aux fondements
idéologiques de la lutte anti terroriste avec des convictions
comparables aux arguments staliniens, la seule différence était
que Touati avait mis l'accent sur l'unité de l'armée et la
sauvegarde de l'Algérie qui était au seuil d'une guerre civile.
L'article repris par la presse nationale était aussi destiné à
la consommation locale, et visait la mobilisation d'une partie du
peuple pour le soutien actif et l'aide des forces de sécurité
dans leur combat contre le chaos et l'obscurantisme. Cet appel
aux forces vives de la nation était aussi une incitation à la
révolte et à la formation d'une résistance locale pour la
lutte anti-terroriste.
En claire, le plan de Touati était
assez simple, pour ne plus entendre parler de l'islamisme il
fallait suivre un plan précis:
* Centraliser le pouvoir
décisionnel au sein de l'ANP et dégager un noyau de
commandement uniforme.
* Identifier les éléments
islamistes présents d'abord dans les milieux de l'ANP et les
éliminer au cas par cas.
* Punir avec le plus de sévérité
toute personne appelant à la révolte ou à la désobéissance
au sein de l'armée.
* Assigner aux services secrets tous
les moyens nécessaires à leur mission exclusive qui consiste en
la récolte et l'exploitation rapide des informations.
* Ne
pas hésiter à pratiquer la méthode de l'exemple à ne pas
suivre, pour montrer la fermeté du commandement. Récompenser
les bons éléments avec beaucoup de générosité et veiller à
leurs promotions (la politique du bâton et de la carotte).
*
Impliquer la société civile dans la lutte anti-terroriste et la
création de milices d'autodéfense encadrées par des anciens
moudjahidin ou des ex-militaires.
* Soutenir la lutte des
forces de sécurité par une campagne de propagande médiatique à
l'échelle internationale.
* La reprise par l'état de tous
les lieux de culte et uniformiser le discours religieux à
travers le pays.
* Reformer la société algérienne dans
les domaines sensibles de l'éducation, la famille et la
justice.
* Création de cours spéciales pour le suivit
exclusif des affaires liées au terrorisme et l'application des
mesures légales décidées pour la circonstance.
*
Organiser le soutien de la lutte anti-terroriste par la
communauté intellectuelle et politique à l'échelle nationale
et internationale.
Ces mesures qui furent appliquées à la
lettre par Mohamed Lamari, Toufik et Smain Lamari ont conduit
l'Algérie à une situation catastrophique, car Touati avait omis
un point très important : le peuple algérien ne croyait plus en
ses dirigeants depuis octobre 88.
Pour certains généraux,
fervents défenseurs du projet de création d'une armée
professionnelle loin de la politique, comme Le général Hocine
Benhadid, l'implication de l'ANP dans les événements d'octobre
en premier lieu, la destitution de Chadli en second lieu et la
mort du président Boudiaf en dernier lieu avaient mis l'ANP dans
une position très vulnérable vis-à-vis de la société civile.
Le plus grave était que l'institution militaire avait perdu le
crédit chèrement acquit pendant la guerre de libération ; en
effet parler de l'ANP revenait à citer le passé glorieux de
l'ALN et rappelait surtout l'amour et la confiance qui la reliait
au peuple algérien, mais tout cela avait disparu. Le tout
sécuritaire était une option sans aucune garantie de réussite
et la crise politique devait et ne pouvait être traitée que par
les politiciens.
Cette conviction avait valu à Hocine
Benhadid et à ses « alliés » d'être écarter de la sphère
du commandement de l'armée au profit de jeunes loups comme
Mohamed Lamari, Fodil Cherif, Said Bey et d'autres généraux qui
adhéraient aux thèses éradicatrices de Mohamed Touati, le «
Mokh ».
Tous les ennemis de Mohamed Lamari furent évincés
par Khaled Nezar pour lui ouvrir le chemin vers le sommet,
surtout que le ministre de la défense était malade et que ses
voyages à l'étranger pour se soigner devenaient de plus en plus
réguliers et que son absence du ministère n'arrangeait pas la
situation. C'est lors d'une réunion, au début du mois de
juillet 1993, au bureau du ministre de la défense, qu'un
problème de taille fut soulevé entre les officiers
janvieristes: la retraite de Nezar et le choix de son remplaçant.
L'ambiance était très houleuse; Touati voulait le poste,
Benabbes Gheziel et toufik ne voulaient pas faire de concessions.
Khaled Nezar avait de la peine à raisonner les uns et les autres
pour arriver à un compromis, et la seule alternative qui avait
fait l'unanimité était celle de rappeler la personne qui avait
le plus d'ancienneté après Khaled Nezar (pendant l'époque
Chadli); cette personne était le général Liamine Zeroual. Le
premier problème était réglé, mais Khaled Nezar ne voulait
pas partir et laisser son clone (Mohamed Lamari) sans protection,
il réussit à obtenir pendant cette même réunion, la démission
de Abdelmalek Guenaizia de son poste au profit de Mohamed Lamari
qui fut baptisé : Chef Suprême de l'ANP. Guenaizia fut envoyé
à Berne comme ambassadeur d'Algérie en Suisse, une retraite
bien paisible.
La Liquidation des Généraux :
Après
le départ de Toufik de la DCSA, il fut remplacé, pendant
quelques mois, par le colonel Zeghloul, jusqu'à l'arrivée du
colonel Kamel Abderrahmane, le seul officier promu au grade de
commandant en novembre 88 pour acte de bravoure. Il avait alors
sauvé un char Stationné à Elbiar à Alger,
des flammes d'un cocktail molotov et avait payé son acte au prix
fort, par de graves brûlures qui lui avaient laissé
d'importantes séquelles, malgré des mois de soins au Val-de
Grâce (Hopital militaire français situé à Paris).
Le
fait que Kamel était chef d'état major de la quatrième région
militaire sous le commandement de Betchine était presque sans
importance pour Le général Toufik, son dossier au sein de la
DRS était très rempli et faisait de lui une marionnette
parfaite. En effet c'était presque par hasard que son nom était
apparu dans une affaire connue sous le code « Scanner » dans
laquelle était impliqué le chef de service VIP ( du mot anglais
very Important Personality) de l'hôpital central de l'ANP en
l'occurrence Melle Benhamza Fatiha qui avait réussi à
construire un réseau d'informateurs de haut niveau parmi ses
relations et rendait compte à un officier de la DGSE (elle était
tout simplement une espionne). Comme Benhamza était en charge
des soins du Capitaine Kamel Abderrahmane, elle avait depuis
novembre 88 établi une relation très personnelle avec cet homme
qui avait un grand penchant pour les femmes. Quand Kamel fut
promu au grade de colonel et juste avant de prendre son poste à
la tête de la DCSA, Benhamza était toujours à son poste de
directrice du VIP/HCA et continuait toujours de voir son colonel
qu'elle recevait dans sa villa à Moreti, elle ne fut mise hors
circuit que plus tard. Par égards à ses relations, elle ne fut
jamais inquiétée et eut même droit à un bon pécule à sa
sortie de l'HCA.
Kamel Abderrahmane était le parfait
serviteur de Toufik en qui il voyait le génie bienfaiteur,
c'était la raison pour laquelle il n'avait presque aucune
autorité sur son directeur des opérations, le colonel Tartag
qui rendait compte directement au général Toufik. Kamel
Abderrahmane fut limogé de la direction de la DCSA en 95 et
nommé aux commandes de la 2ème région militaire à cause d'une
faute très grave: il avait perdu, dans la nature, un élément
très compromettant pour les chefs.
C'est à ce moment là
que Saidi Fodil devait prendre la tête de la DCSA, après un
décret de nomination signé par Zeroual à la présidence de la
république.
Saidi Fodil fut de loin l'un des meilleurs
directeurs de la DDSE; dès sa nomination à la tête de cette
direction, il avait opéré un changement radical dans les modes
de travail en introduisant les techniques modernes de gestion de
l'information, mais il avait surtout essayé de mettre fin à la
pratique des nominations parachutes aux postes de chef de bureau
de sécurité (BSS) dans les ambassades algériennes à
l'étranger, le plus souvent au prix d'une altercation avec ses
superieurs Toufik et Smain. Travaillant à l'ombre du ministère
des affaires étrangères, sa réputation de redoutable diplomate
du secret, il l'avait acquis après le succès remporté lors de
la résolution du conflit des Touaregs, qui risquait d'embraser
la région entre l'Algérie, le Niger
et le Mali,
surtout que le côté français avait longtemps essayé d'en
faire un cheval de bataille à la manière de la question de
l'identité kabyle. De même qu'il avait réussi d'autres coups
d'éclats comme celui de la récupération d'un dossier classé,
renfermant des preuves de l'implication d'un officier des
services algériens en poste à Ankara
(Turquie) dans une affaire d'espionnage au profit de la CIA. Il
avait aussi obtenu d'importants résultats sur d'autres plans
hautement stratégiques pour la défense du territoire.
Comme
le bon travail ne peut être apprécié que par ceux qui sont
profondément concernés par le devenir de la patrie et de son
peuple, le couple Toufik et Smain avaient tout fait pour lui
mettre des batôns dans les roues, afin de freiner l'ascension de
cet officier parachuté par Zeroual, qui présentait une réelle
menace, surtout qu'il était plus instruit que le reste des chefs
à la DRS et incarnait la nouvelle génération d'officiers issus
des grandes écoles. Les raisons de la discorde avec ses chefs
étaient aussi variables que multiples, à commencer par ses
liens étroits avec Zeroual et Betchine auxquels il rendait
directement compte, sans passer par ses chefs hiérarchiques, le
directeur de la DRS, Toufik ou le sous-directeur de la DRS,
Smain.
Le général Saidi Fodil, même appuyé par Zeroual
ne pouvait affronter Toufik et Smain, et cela pour des raisons
multiples, dont la plus importante était la non-disposition d'un
service opérationnel propre à la DDSE doté de moyens et
capable de mener des investigations comme l'étaient ceux de la
DCSA et la DCE. Il était donc presque impossible d'engager des
poursuites ou d'assurer un suivi opérationnel des informations
récoltées à l'étranger par la DDSE souvent à un prix très
élevé.
Le poste de chef de bureau sécurité à l'étranger
fut de tout temps très prisé par les officiers de la DRS, mais
généralement les officiers sélectionnés pour les postes
sensibles à l'étranger (comme celui de Washington,
Paris,
Genève, Rome,
et Londres) étaient ceux qui bénéficiaient de la confiance des
chefs. Il faut rappeler qu'un chef de bureau de sécurité en
poste à Paris
par exemple, est au courant de presque toutes les magouilles et
les malversations des hauts fonctionnaires de l'état, c'est la
raison pour laquelle la personne nommée à ce genre de poste
doit faire partie du cercle de confiance immédiat de Toufik et
Smain. La gestion des informations récoltées sert le plus
souvent à manipuler les différents acteurs de la scène
politique et militaire algérienne.
Avec le temps il est
devenu très clair pour l'ensemble du personnel de la direction
qu'au sein même de la DRS deux catégories d'officiers
coexistent: une qui travaille pour le bien-être de l'Algérie et
une autre qui gère les affaires personnelles des chefs à
l'intérieur et à l'extérieur du pays moyennant des miettes que
les chefs cèdent à leurs serviteurs « au grès de leurs
humeurs », surtout que la situation de manque à l'intérieur
même de l'ANP encouragent les uns et les autres à rechercher
l'intérêt personnel avant celui de la nation, et les chefs ont
toujours donné l'exemple à suivre.
Un des problèmes
majeurs qui s'était dressé entre Saidi Fodil et Smain Lamari
était le dossier de coopération sécurité avec les autorités
françaises. Smain Lamari ne voulait surtout pas que l'on touche
à sa chasse gardée, et toute forme de correspondance avec le
bureau militaire à Paris
(chef de l'antenne DDSE en Europe) devait passer d'abords par
lui. Saidi Fodil trouvait que Smain lui marchait sur ses plats de
bandes. Ainsi cette coopération avec les services français
était la source de discorde permanente surtout que Saidi Fodil
n'était même pas mis au courant des tenants et aboutissants de
cette coopération qui avait pour lui un goût de collaboration «
version Vichy » surtout après les concessions faites par Smain
(en charge de la sécurité intérieure du pays) et Toufik
concernant la sécurité de l'ambassade et des consulats français
en Algérie où plus de trois cents militaires français
(gendarme pour la plupart, anciens du groupe du GIGN) avaient élu
domicile à Alger,
officiellement pour la protection des Français en Algerie
(comme avait été le cas au Tchad, et plus récemment au
Rwanda).
Les
normes internationales ne tolèrent pas un nombre de militaires
armés, supérieur au nombre des doigts de la main, au sein des
ambassades, mais à Alger
les choses étaient différentes; les questions de souveraineté
avaient été abandonnées au profit d'un intérêt à très
court terme, surtout après la prise d'otages de l'airbus de la
compagnie francaise, Air France,
à Alger
en décembre 94.
Plusieurs fois, pendant ou après une
campagne d'arrestation d'islamistes algériens en France
par la DST, Smain (accompagné du colonel Farid et de deux
officiers) était le jour même à Paris,
traitant les résultats de l'opération avec son homologue
français. Cela agaçait Saidi Fodil qui se voyait doubler à
l'extérieur et à l'intérieur du pays ; même ses plaintes
auprès de Zeroual étaient vaines ; Zeroual lui-même était
gardé tout à fait hors circuit, loin de ce qui se passait et de
ce qui se tramait à l'ombre. En définitif, Saidi Fodil avait
fini par admettre que le pouvoir central qui tirait toutes les
ficelles, était entre les mains de Toufik et Smain, le reste
n'était qu'un décor pour servir les besoins des penseurs.
Le
coup final était venu de l'affaire « JOBE »; dans cette
affaire le chef du BSS à l'ambassade d'Algerie
à Genève en l'occurrence le commandant Samir avait réussi
(sous couvert d'un de ses amis algériens: Mohamed Hebri) à
recruter un policier suisse nommé Léon Jobé travaillant pour
le compte des services de sécurité intérieure Suisse (police
fédérale Suisse) en charge de la surveillance des islamistes
algériens résidents en suisse et c'est ainsi que Samir avait
réussi à avoir une copie des dossiers des activistes
islamistes, ainsi que ceux d'autres sujets intéressants pour la
DRS tel que Hocine Ait Ahmed. Mais comme Jobe trouvait que les
renseignements fournis valaient plus que la centaine de milliers
de francs suisses qu'il avait reçu, vu leur importance pour le
gouvernement algérien ; il était devenu plus gourmand qu'il ne
fallait et faisait chanter Mohamed Hebri; il avait même commis
la faute d'appeler le MDN et de demander à parler à Toufik.
c'est à la suite de cela que Toufik avait décidé de le griller
au lieu d'avoir un scandale avec les autorités suisses.
Saidi
Fodil était fou de rage lorsqu' il apprit la nouvelle en
décembre 94; il était responsable de cette bavure puisque Samir
était organiquement sous ses ordres. Ceci avait décidé Saidi
Fodil à repartir à son corps d'origine, à savoir le
commandement état major ANP, et devant sa persistance Zeroual
n'avait trouvé autre alternative que de le nommer à la tête de
la 4ème région militaire, son poste d'origine. A cette époque
la lutte des clans présidence-MDN commençait tout juste à
produire ses premières étincelles.
Une des conditions
d'acceptation du poste de la magistrature suprême par Zeroual
était d'avoir les pleins pouvoirs afin d'agir en faveur d'une
solution politique de la crise algérienne (qu'il avait préparé
suite à de nombreuses visites faites aux chefs du FIS incarcérés
à la prison militaire de Blida,
avec le soutien des autres courants de la classe politique), la
rectification de la constitution nationale pour consolider ses
prérogatives, la nomination de Mohamed Betchine comme ministre
de la défense et la constitution d'un comité de crise avec pour
mission la réconciliation nationale.
Zeroual, en fait,
devait agir comme un vrai chef d'état selon l'accord passé avec
Nezar et Toufik, mais après son éléction tant attendue et qui
l'avait conforté dans son poste, Mohamed Lamari et Toufik ne
pouvaient pas prendre le risque de perdre leurs postes en
acceptant la nomination de Mohamed Betchine comme ministre de la
défense par le nouveau président, c'était le premier désaccord
entre Zeroual et le gouvernement secret de l'Algerie.
Dans
le même état d'esprit, Zeroual avait essayé de faire passer
par force la nomination de son ami Saidi Fodil à la tête de la
DCSA pour essayer d'avoir pied dans la structure opaque de la
DRS, mais dès la signature, au debut du mois de Juin 96, du
décret de nomination (qui était en fait un arrêt de mort pour
son ami Saidi Fodil), Smain Lamari envoya le 03 Juin 96 une
équipe de son escadron de la mort à la 4ème région (region de
Ouargla)
avec pour mission la liquidation de Saidi Fodil, et bien que sa
voiture fut du type blindé, une charge de forte puissance placée
sous la voiture lui ôta la vie sur une route droite et déserte
le 04 Juin 1996; le maquillage en accident de la route était
parfait et le travail de l'équipe de Smain, dépêchée par
hélicoptère, accompli. Le message était très clair par
rapport à Zeroual qui voulait jouer au président. Une
commission d'enquête désignée par le président en personne
devait faire toute la lumière sur les circonstances du décès
de Saidi Fodil, mais le travail n'a jamais été effectué et le
dossier mis aux oubliettes; Mohamed Lamari avait insisté pour
baptiser la promotion sortante de l'academie militaire
inter-armes de Cherchel, le 1er Juillet 96, promotion: Saidi
Fodil.
Pire encore, à chaque fois que Zeroual voulait
appliquer ce qui avait été convenu avant les élections, il se
voyait doubler et c'était par l'intermédiaire de la presse
qu'il l'apprenait.
Presque le même plan déjà suivi avec
Boudiaf était appliqué avec Zeroual ,sauf que dans son cas, sa
liquidation fut politique après lui avoir collé des dizaines de
milliers de victimes sur le dos. Ce même dos qu'il tournait au
peuple Algerien,
sa peau étant, pour lui, bien plus chère.
La plupart des
grands massacres furent systématiquement organisés et
planifiés, soit pour contrecarrer les efforts de paix de
Zeroual, soit pour ralentir les élans de Betchine qui en avait
beaucoup sur le cour.
Saidi Fodil ne fut malheureusement pas
le seul général qui à être écarté de cette manière. En
1995, le général Boutighane Ali (l'ennemi farouche de Mohamed
Lamari, le chef d'etat major de l'ANP, à cause des méthodes
inhumaines utilisées par ce dernier dans la lutte
anti-térroriste depuis sa nomination à la tête du CCLAS), fut
liquidé à cinq minutes de son bureau au MDN, sur une route
principale à dix heures du matin. Le général Boutighane Ali
entretenait d'étroites relations avec le général Hocine
Benhadid qui fut évincé avec plus d'une centaine d'officiers
superieurs car ils constituaient une menace pour le clan
Lamari.
Quand Zeroual était nouveau à la tête de l'état
en 1994, il voulait avoir comme chef d'état major, un homme (un
parent aussi) qu'il connaissait bien, le général Tayeb Derradji
qui était réputé au MDN pour son honnêteté depuis son
passage au service finances de l'ANP. Ce projet de nomination
(qui était très possible à l'arrivée de Zeroual de part la
notoriété de son poste de ministre) déchaîna la colère de
Mohamed Lamari, qui demanda alors à Toufik de trouver une
solution. Smain Lamari le sous-directeur de la DRS prit
l'initiative de préparer la liquidation de Tayeb Derradji lors
d'un voyage de quelques jours que celui-ci fit à Paris
(chez son neveu), à la fin du mois d'octobre 94, en envoyant une
équipe de tueurs pour faire le sale boulot.
Toute
l'opération fut minutieusement préparée par un certain S.
Moustapha alias sous-lieutenant Hafid qui fut rappelé à la
dernière minute par Toufik. En effet lorsque Mohamed Touati fut
mis au courant de l'affaire, il exprima sa farouche opposition,
vu les relations qui reliaient Tayeb Derradji au président d'une
part et de la possibilité d'une révolte du clan chaoui à
l'interieur de l'ANP d'autre part. Tayeb Derradji venait
d'echapper à un vrai guet-apens. Le président Zeroual changea
sa nomination plus tard au profit du poste de commandant de la
gendarmerie, aprés que Benabbes Gheziel ait accepté de céder
sa position moyenant une très importante somme d'argent (un
million de dollars, prime de fin de fonction), et un poste
permanent de conseiller au MDN.
Toufik avait fait de même
avec son chef de la DREC (EX DRE), le général Salim Benabdellah
Alias Slim. Ancien officier pilote du président Chadli et
ex-responsable du corps du « GLAM », cet officier instruit qui
fut aussi pendant longtemps l'attaché militaire auprès de
l'ambassade d'Algerie
à Washington,
avait désapprouvé les méthodes de gestion du directeur de la
DRS. Les postes affectés à la DREC (Direction des Relations
Exterieures et de la Coopération) avaient toujours attisé les
convoitises de Toufik qui les distribuait à sa guise en forme de
récompense à ses hommes de main qui en profitaient pour se
faire de l'argent (des miettes par rapport aux chefs), au
détriment des cadres qui devaient utiliser ces postes pour faire
leur travail. A plusieurs reprises le général Slim s'était
accroché avec Toufik et Smain concernant le travail. Il finit
après une grave altercation avec Smain et craignant pour sa vie,
de peur qu'il ne lui arrive la même chose que Saidi fodil, par
abandonner son poste sans prévenir personne, au mois de Juillet
96. Il s'envola à Washington
où vivait toujours sa famille, en laissant sa démission sur son
bureau au siège du MDN. Le poste fut cédé ensuite à un fidèle
de Toufik, le jeune général S.Attafi.
Purification à la
DRS:
Dans leur campagne de purification, les généraux
Mohamed Mediene Alias Toufik et Smain Lamari n'ont rien épargné,
pas le moindre détail. Ils ont mené une vraie opération de
nettoyage à la manière fasciste en commençant par l'intérieur
même de la DRS.
Plusieurs officiers de très haut rang
(dont certains issue du MALG) furent invités par la voix
administrative à faire valoir leur droit à la retraite
anticipée, sans préavis, et cela concernait les officiers qui
avaient un comportement religieux « selon certains », c'est à
dire qui faisaient leurs prières de manière régulière ou qui
s'étaient rendu dans le passé à la Mecque pour faire leur
devoir de pèlerinage ou avaient exprimé le désir de le faire,
sachant que les listes des demandeurs de congé pour les lieux
saints étaient disponibles au service du personnel de la
direction.
Une vraie chasse aux « sorcières » était
engagée, et des cadres qui faisaient dans le passé la fierté
de la DCSM s'etaient retrouvés à cause de leur appartenance
présumée au courant islamiste, désignés comme des ennemies
potentiels du service et donc de la nation parce qu'ils
pratiquaient leurs devoirs religieux comme tout Algérien. En
réalité leur vrai crime était celui d'être restés honnêtes
et profondément nationalistes avec un sens aigu du devoir, sans
adhérer aux vices (boisson, femmes, affaires illégales de tout
genre) qui étaient devenus les critères du bon militaire. Il
est tout à fait inimaginable de décrire ce que ces officiers
(qui avaient donné leur jeunesse au service de l'Algérie et qui
avaient pour certains plus d'ancienneté que Toufik et avaient
occupé à un certain moment des fonctions plus importantes au
sein de la DCSM) avaient vécu, en fin de carrière leurs vies
furent brisées et leur honneur bafoué.
Concernant le cas
des officiers qui s'étaient exprimés ouvertement, soit en
donnant leurs avis ou en dénonçant la politique du tout
sécuritaire adoptée par le commandement de l'armée et avaient
osé traîner du pied lorsqu'il s'agissait d'exécuter les ordres
démoniaques de Toufik et Smain (qui pouvaient aller jusqu'à la
liquidation physique), Toufik avait opté pour la méthode choc
en intimant personnellement à Bachir Tertag (Directeur du CPMI:
centre opérationnel de la DCSA à Ben-Aknoun) l'ordre d'arrêter
ces officiers sous le motif classique devenu bien courant en ces
temps: « propagation de propos subversifs visant à porter
atteinte aux institutions de l'état ».
Même si les
personnes qui étaient dans la ligne de mire n'avaient aucune
relation avec le FIS, l'existence d'un parent même éloigné
appartenant au parti dissous, était un motif bien plus que
suffisant pour les mettre hors circuit, sous le chef
d'inculpation : »relation avec une entreprise terroriste ou
non-dénonciation d'une entreprise terroriste « . Le but était
en fait de les casser et d'en faire des exclus et des
traîtres.
Ces mesures très répressives et sans commune
mesure avec les soi-disant délits furent ordonnées par le
directeur de la DRS et visaient plus particulièrement les
officiers pour en faire des exemples à ne pas suivre parmi les
esprits encore hésitants au sein de la boite (terme sous lequel
était dénommée la DRS) surtout pendant les premières années
du conflit.
Toufik avait mis en ouvre une vraie machine de
répression qui consommait exclusivement des vies humaines, des
militaires qui se voulaient humanistes avant toute chose au
service de la justice et du droit.
L'ensemble des effectifs
des centres opérationnels fut passé au peigne fin, et les
nouveaux éléments furent triés sur le volet parmi les
opportunistes et les délinquants de tous bords ; il ne fallait
absolument pas qu'ils aient des diplômes universitaires; on ne
voulait pas de personnes capables de réfléchir; ce qu'il
fallait de préférence, c'était des ex sous-officiers promus
pour la circonstance, des machines qui exécutent les ordres,
n'importe quels ordres.
C'est le CPMI (Sous le commandement
du colonel Bachir Tartag alias Atman) qui fut chargé par Toufik
du dossier des militaires gênants qu'il fallait absolument
éliminer par n'importe quel moyen. Depuis la fin de l'année 92,
le nom de Bachir Tartag est devenu synonyme de peur, de terreur
et bien plus grave, ce nom incarne la mort, et la simple citation
du centre de Ben-Aknoun suffit à donner des frissons au plus
aguerri des officiers; la réputation que le commandant du CPMI a
acquis lui a valu une place au soleil: la postérité.
Quand
un officier est arrêté (le plus souvent en plein jour et avec
beaucoup de tapage) au sein même de l'établissement militaire
d'attache, le chef du bureau de sécurité (officier de sécurité,
détaché par la DRS dans chaque structure militaire à travers
le territoire) est chargé d'entretenir un climat de peur et de
suspicion qui rend la vie au sein des casernes, invivable à
cause de la perte de confiance, même entre de très proches
amis. Dès l'instant où un officier (quel que soit son grade)
est sous les feux croisés des services opérationnels et est
pointé du doigt par l'officier de sécurité de la caserne, il
devient déjà un indésirable que le reste du personnel
militaire n'ose plus approcher et d'autant moins lui adresser la
parole. Tout le monde a peur d'être associé à cette personne
coupable d'être différente du moule sculpté par Toufik et
Smain.
Cette stratégie de l'exemple à ne pas suivre est
basée sur la moralité du proverbe qui dit : « encore plus
virulente que la peste, la peur se transmet en un clin d'oil ».
A peine, arrêté, la famille de l'officier est délestée de
tous les avantages sociaux à commencer par le logement; des
dizaines de familles se sont retrouvées à la rue, le logement
étant très vite attribué au plus méritant. Dans plusieurs
cas, des familles furent obligées de sortir sans avoir le droit
de prendre leurs affaires personnelles.
Bachir Tartag a
réussi à se construire une réputation des plus macabres, et à
trop vouloir satisfaire Toufik en faisant un peu trop de zèle,
il a fini par avoir presque autant de sang militaire sur les
mains que tous les groupes terroristes réunis. La bavure est
admise surtout lorsqu'il s'agit de liquider des témoins gênants
ou des officiers à la conscience immaculée. Jamais un officier
du service opérationnel de la DRS n'a fait aussi long feu au
CPMI (centre principal militaire d'investigation).
Les
résultats obtenus par Tartag ont toujours incité Toufik à
demander encore plus, jonglant avec les différents directeurs
des services opérationnels sur le terrain (le GIS, Groupe
d'Intervention Spéciale, commandé par le colonel Abdelkader
Khemel, le Centre Antar, commandé à l'époque par le colonel
Farid et le CPMI, commandé par Tartag), Toufik faisait figure de
chef d'orchestre, et en jouant sur le principe sacro-saint du
cloisonnement, il n'hésitait pas à monter un service contre
l'autre pour inciter tout le monde à la concurrence et au
surpassement.
Il est à la fois difficile et même
insoutenable de décrire ce que des officiers, sous-officiers de
la république, des cadres militaires supérieurs ont vécu dans
les centres opérationnels tel que le CPMI. Mais par devoir de
justice, pour que leurs mémoires (pour ceux qui ont péri)
soient respectées, il convient de raconter leurs calvaires et
leurs descentes aux enfers de Tartag.
A l'arrestation, le
sujet est introduit dans la voiture, sa tête est placée entre
ses jambes pour qu'il ne reconnaisse pas la destination ; une
fois arrivé au centre, la voiture est stationnée devant la
porte de la bâtisse qui sert de prison. Le sujet est descendu de
la voiture et conduit à l'intérieur avec une cagoule qui est
enlevée une fois à l'intérieur. Il est ensuite délesté de
tous ses vêtements sous des regards humiliants, pour mettre une
combinaison militaire aux odeurs nauséabondes (du même modèle
que celle des mécaniciens mais de couleur verte), déjà
utilisée par des dizaines de victimes et entachée de sang.
Généralement le nouvel arrivé est accueilli par les cris et
les supplices d'un autre détenu interrogé dans une des salles
réservées à cet usage. C'est le premier choc que reçoit la
personne arrêtée, qui devient à partir de ce moment, objet à
tous les dépassements. La suite des événements dépend du
futur décidé par les chefs pour la personne arrêtée, et
suivant le cas une attitude bien spécifique est adoptée par les
hommes de Tartag chargés de mener l'interrogatoire, et si le
sujet jouit d'une recommandation supérieure, c'est Tartag en
personne qui s'en charge.
Schéma du batiment d'arrêt au
CPMI (Ben-Aknoun)
Si la personne est condamnée à mort, les
séances de torture commencent immédiatement par des coups, et
la combinaison n'est même pas nécessaire. Le cas du commandant
Mohamed Abbassa, un officier marin, est un exemple typique.
Arrêté au siège du MDN le matin du premier mercredi du mois de
janvier 94; il fut transporté au CPMI où il décéda deux jours
plus tard. Depuis le premier jour, ce fut Tartag en personne qui
s'occupa de son cas; le motif de l'arrestation: « suspicion
d'appartenance à une entreprise terroriste » (son nom avait
surgi lors d'un précédent interrogatoire avec un autre officier
qui osait dire « non »), et c'est biensûr des noms que Tartag
voulait lui arracher, aidé par un autre officier du CPMI
(lieutenant Mohamed) qui prenait du plaisir à torturer des
officiers supérieurs, gifles et coups de manche à balai pour
commencer. Il fut ensuite allongé tout nu sur un sommier
métallique et attaché par des sangles et arrosé d'un seau
d'eau. Le lieutenant Mohamed lui mis les électrodes aux pieds
puis aux organes génitaux, Tartag dirigeait l'opération et
demandait la collaboration sous peine de poursuites de la séance
de vérité. A chaque fois que le courant était branché, le lit
en entier se déplaçait. Et ce qui rendait Tartag plus nerveux
était le silence et la résistance du commandant Abbassa. Et
dans les rares moments de répit, la seule réponse de Abbassa
était « vous ne savez pas ce que vous faites à l'Algérie,
êtes vous seulement conscients ? « . Le chalumeau, la manche à
balai, les bouteilles, les fourchettes, toute la panoplie de la
torture fut employée par Tartag et son second, et à chaque fois
que le commandant Abassa perdait connaissance, Tartag devenait
encore plus furieux et le lieutenant tortionnaire était presque
dans un état de transe. Au soir de la deuxième journée, ce fut
un corps méconnaissable, enflé et brûlé, même au yeux, qui
rendit l'âme en murmurant des mots à peine audibles. La
dépouille n'eut même pas droit à un enterrement correct.
Un
nombre impressionnant d'hommes a péri dans des conditions
atrocement semblables, et à chaque fois les corps étaient jetés
pendant la nuit dans la rue comme des chiens que l'ont abat; ils
avaient quand même droit à une mention dans les colonnes des
journaux du régime « un terroriste a été abattu durant la
nuit… ». Devant ce spectacle de l'apocalypse, il faut dire que
les plus chanceux étaient ceux que le commandement avait décidé
de liquider par balle : comme c'était le cas du Docteur
lieutenant-colonel Redouane Sari, docteur en physique nucléaire
et chef du programme nucléaire Algérien. Il occupait aussi la
fonction de conseiller spécial du ministre de la défense Khaled
Nezar depuis 1990 et s'opposait farouchement à l'arrêt du
processus électoral. En 93 Toufik et Smain avaient chargé une
équipe de l'escadron de la mort pour exécuter la tâche.
Un
soir en rentrant chez lui à Bouzareah, du ministère de la
défense, il fut intercepté sur la route par l'équipe de
l'escadron 192, à dix minutes de sa demeure. Un travail propre,
trois balles dans la tête et la mission était accomplie. Ils
n'avaient même pas pris la peine de prendre ses armes (un
Makarov et un Kalachnikov qu'il avait dans la malle de la Mazda
bleu 626 du MDN). Redouane Sari eut quand même droit aux
honneurs militaires lors de son enterrement, et de plus les
terroristes qui avaient fait le coup furent abattus selon la
presse.
D'autres officiers ont eu un traitement très
particulier, par des éléments de l'équipe de Tartag qui se
sont spécialisés dans le remodelage et la rééducation. Casser
les hommes est devenue leur mission, et pour casser un homme ils
ont trouvé la formule : arracher cette qualité qui fait d'un
homme, un homme, sa virilité, son honneur. En plus des
castrations devenues assez courantes, le viol des hommes est
pratiqué comme un moyen de contrôle et de soumission de
certains durs aux yeux de Tartag. . Les éléments de l'équipe
de Tartag avaient accès à toutes les commodités et se
permettaient tout lors des arrestations, ils se servaient au
passage de bijoux, d'argent, voitures et ont pour la plupart,
amassé de vraies fortunes.
Bien plus encore, quand une
femme était au goût d'un des officiers en charge de
l'arrestation, il était bien simple pour lui de revenir et de
l'arrêter plus tard, même si elle était mariée, cela
importait peu. Elle devenait « après son kidnapping », une
complice, une terroriste aussi, puisque arrêtée sous le même
chef d'inculpation que l'homme de la famille.
Des années
durant et le même cycle infernal faisait grossir la liste des
fidèles un peu plus chaque jour. Des officiers cadres de la
nation, des docteurs d'état, médecins, professeurs, ingénieurs,
techniciens que l'Algérie avait formé au prix fort furent
exécutés par des assassins, et traités comme des déchets de
l'institution militaire.
Les dépassements constituent
encore un autre sujet que seules les victimes rescapées ont le
droit de raconter, par égards et par respect pour leur dignité
bafouée. Un dossier special sera consacré à ce sujet.
Il
va sans dire aussi que le centre opérationnel « ANTAR » situé
aussi à Ben-Aknoun (côté parc Zoologique), et commandé par le
colonel Farid, Sous la tutelle directe de Smain Lamari, fut aussi
le théatre d'horribles évènements, puisqu'il est le repère de
l'escadron de la mort et le berceau du fameux « GIA ».
l'Algérie
Meurtrie:
Devant cette situation de désolation, qui a jeté
le discrédit sur les institutions de l'état algérien à
commencer par son armée, des êtres sans scrupules ont profité
et profitent toujours de la situation qu'ils ont crée, en se
remplissant les poches ; l'économie de la guerre leur a permis
de multiplier leurs fortunes mais surtout de blanchir une masse
d'argent colossale, que les uns et les autres ont réinvesti dans
la reprise de sociétés et entreprises nationales coulées puis
rachetées au dinar symbolique. Les rares cadres qui se sont
dressés pour éviter la catastrophe se sont retrouvés grâce à
l'agent « Ouyahiya » en prison. Le pillage à grande échelle
d'un peuple profondément meurtri a jeté le peuple algérien
dans les abîmes de la pauvreté, la famine et la dépendance. La
société algérienne a vu apparaître ces dernières années des
maux extrêmement graves : de la prostitution infantile pour un
bout de pain, aux réseaux des dealers de drogue qui sont
protégés d'en haut pour aider la jeunesse algérienne à
oublier qu'elle a des droits sur ses dirigeants et sur son
armée.
Aucune armée au monde n'est aussi fameuse pour les
affaires de corruption et d'enrichissement illicite que notre
armée, et les individus suivants, se sont tout permis; ils
croient, pour l'on ne sait quelle raison que l'Algérie est leur
patrimoine personnel et qu'ils ont le droit de se la
départager:
* Général Larbi Belkheir:
Sa
fortune s'estime à plusieurs centaines de millions de dollars.
Il a plusieurs biens immobiliers et fonciers en France,
en Suisse, en Espagne, au Maroc, aux Etats-Unis et au Canada.
Le général Belkheir a spolié les biens de l'état et du peuple
algérien de trois façons. Quand il était secrétaire à la
présidence, il avait la responsabilité du budget de cette
institution. La deuxième source de sa rapine a été le projet
Fiat que les Italiens ont essayé de monter en Algérie depuis
1985, sans succès à ce jour. Belkheir a touché d'immenses
commissions pour ce projet. Son troisième cambriolage est le
projet de construction de l'oléoduc gazier, projet qui devait
être attribué à une compagnie nationale mais dont bénéfiçia
une compagnie italienne; Belkheir obtient une rente mensuelle
astronomique.
* Le général Mohamed Lamari:
Il
touche des commissions de marché des compagnies pharmaceutiques
françaises en Algérie. Il est l'ami et le partenaire de Mohamed
Ait-Djeddou, le magnat de l'importation pharmaceutique en
Algérie. Une grande partie des dizaines de millions de dollars
qu'il a amassé vient en fait des contrats d'armement passés
avec l'Afrique du sud et la France
en particulier, en plus biensûr du pourcentage de la rente
annuelle du pétrole.
* Général Khaled Nezzar:
Il
a amassé sa fortune particulièrement lorsqu'il était ministre
de la défense. Il a des comptes bancaires en France,
en Suisse et aux Etats-Unis. Il possède de nombreuses villas à
Alger, à
Batna et à
Constantine. Il détient des biens immobiliers et fonciers dans
plusieurs wilayas. Il possède une villa aux Etats-Unis, achetée
en 1992 avec l'argent du contribuable algérien. Son fils, qui a
le monopole d'importation de plusieurs produits
agro-alimentaires, a monté sa compagnie avec un prêt bancaire
de la Banque nationale d'Algérie avec un taux d'intérêt
avoisinant le zéro et un délai de paiement indéfini. Nezzar
Junior s'est lancé dernièrement dans l'aviation civile avec une
compagnie aérienne privée.
* Général Mohamed
Mediene:
Il a une fortune colossale dont l'estimation n'est
pas connue. Il est le principal actionnaire de la société
sud-africaine de prospection d'or et de diamant dans le Hoggar.
Il s'est assuré une rente importante de plusieurs
multinationales de prospection pétrolière. Son homme de main
qui supervise ses affaires et gère ses richesses est M.Hanchi.
Le fils aîné de Mediene fait partie du conseil d'administration
de Daweoo en Algérie et qui avec le démantèlement partiel,
perfide de l'ENIE, contrôle une partie importante du marché
d'importation de l'électronique, de l'électroménager et de la
voiture.
* Général Mohamed Betchine:
Sa fortune
s'élève à plusieurs dizaines de millions de dollars. Il
possède des biens immobiliers immenses dans l'est algérien,
mais aussi en Syrie, en Tunisie, en Suisse et en France.
Il est le principal importateur et distributeur de sucre dans
l'est algérien. Il contrôle une part importante du marché
d'importation d'autres produits agro-alimentaires. Il possède
plusieurs journaux et une maison d'édition. Il touche une rente
régulière des compagnies pétrolières américaines Anadarko et
Arco. Il a aussi touché des pots-de-vin dans les contrats de
modernisation du système de défense aérienne.
*
Général Abdelmadjid Taghit:
Il est dans une alliance
d'affaires avec son frère qui a dirigé la Cosider. Il possède
plusieurs biens immobiliers en Algérie. Il s'est enrichi
considérablement en revendant des boutiques à Riadh El Feth
acquises à des prix dérisoires.
* Général Mohamed
Attailia:
Ex-chef de la 1ère région militaire, il est dans
le brigandage des biens de l'état depuis 1965. Il possède un
hôtel, un restaurant et une boucherie en France.
Il possède aussi une usine de verrerie dans le midi de la
France.
Il a de vastes biens immobiliers en Algérie et des biens
fonciers à Bouchaoui.
* Général Smain Lamari:
De
part la sensibilité de son poste, il a réussi à monter un
empire d'import-export et la plupart des transactions se font à
l'extérieur du pays. En plus des biens achetés en France,
il a eu de larges commissions sur les contrats d'armement
réalisés avec les Français (couverture radar de l'ensemble du
territoire). Avec des amis français, il reçoit en échange
d'ouverture du marché algérien de généreuses commissions à
chaque marché et assure aussi la protection des investisseurs.
Sa fortune s'élève à plusieurs dizaines de millions de
dollars.
* Général Kamel Abderrahim:
Commandant
en chef des forces terrestres jusqu'en 1989, il possède des
biens immobiliers en Algérie, ainsi qu'un restaurant et un hôtel
en France.
Il possède une usine ultramoderne de fabrication de consommables
pour les hôpitaux à Ain Taya .
* Général Moustafa
Belloucif:
Il s'est enrichi en s'accaparant les comptes
bancaires du richissime Zeggar évalués à plusieurs millions de
dollars. Il s'est aussi enrichi par la revente de biens de l'état
achetés à des prix dérisoires. Il possède des biens
immobiliers très cotés à Alger
et à Annaba.
*
Général Mohamed Touati:
Son importance au sein la
hiérarchie militaire lui a permis d'utiliser à fond son
influence et à recevoir en conséquence des commissions sur tous
les grands projets d'investissement ou de prospection des champs
pétroliers dont il assure la sécurité avec ses compagnies
privées de protection moyennant un pourcentage sur chaque puits.
Il possède des biens immobiliers dans tout le territoire
national et de même en France
et en Suisse. Sa fortune est de plusieurs dizaines de millions de
dollars.
* Général Mohamed Hartani:
Ancien
directeur de l'hôpital central de l'armée à Alger,
c'est en cette qualité qu'il a amassé sa fortune. Il a touché
d'immenses commissions de marché de Siemens et d'autres
compagnies de matériaux de construction. Il est le représentant
de Siemens en Algérie sous la couverture de son épouse. Il a
des biens immobiliers en Algérie, en suisse, en France
et en Allemagne. Il possède plusieurs commerces à Alger,
à Constantine et à Annaba.
*
Général BenAbbes Gheziel:
Il a amassé sa fortune, estimée
à plusieurs millions de dollars, par les pots-de-vin et les
commissions de marché dans l'achat d'équipements pour la
Gendarmerie nationale, en particulier de la compagnie Beretta. Il
a des biens immobiliers et fonciers en Algérie et en France.
Il rapine aussi dans l'import-export.
* Général
Mohamed Dib:
Ancien chef de la Garde républicaine, ce
général discret a une fortune estimée à plusieurs millions de
dollars. Il a amassé sa fortune par la restructuration de la
Garde républicaine (commissions de marché lors de la rénovation
de son infrastructure et achat au prix symbolique et revente des
systèmes et matériels). Il possède des biens immobiliers et
fonciers en Algérie.
* Général Cherif
Ouadani:
Spécialiste du pillage, sa fortune s'élève à
plusieurs dizaines de millions de dollars. Il possède des biens
immobiliers dans les quartiers chics de Paris,
des propriétés luxueuses et des chevaux à Deauville. Il est
actionnaire à Peugeot dont il est le représentant en Algérie
depuis 1990. Il a de grands biens immobiliers à Alger
et à Tlemcen.
Il possède une usine de confection de vêtements luxueux à
Tlemcen.
Il détient le monopole d'importation du textile en Algérie.
*
Colonel Hocine Senoussi:
Bras droit de Belkheir, ami de
Chadli, il a amassé sa fortune immense lors de la construction à
Alger du
monument Maqam Echahid. Il a touché des commissions de marché
sur ce projet qui a coûté près de 350 millions de dollars au
contribuable algérien. Il s'est aussi accaparé plusieurs
magasins du complexe commercial de Riadh El Feth qu'il a revendu
au prix fort. Il possède des biens immobiliers à Alger,
à Oran et
surtout à Tlemcen
et biensûr à l'étranger.
D'autres généraux tels que:
Abdelmalek Guenaizia, Abdelhamid Djouadi, M. Lakehal Ayat,
Abdelmadjid Cherif, Mohamed Ghenim, Said Bey…etc. ont aussi
amassé des fortunes colossales, et la liste est malheureusement
longue pour le reste des militaires corrompus, indignes de porter
les emblèmes de l'ANP. Ce dossier de la corruption des chefs
sera traité à l'avenir avec plus de détails.
Il est vrai
qu'après tous ces faits, il est difficile de se taire et
d'ignorer avec le silence « malgré tout complice », ces
pratiques qui salissent la réputation de notre armée et de
notre pays.
Le Mouvement Algérien des Officiers Libres ne
peut que condamner fermement les pratiques criminelles des
généraux et autres officiers algériens, impliqués dans
l'enrichissement illicite, et qui font durer le deuil du peuple
et plongent l'Algérie dans le chaos afin de favoriser leurs
opérations économiques et financières funestes.
Le
Mouvement Algérien des Officiers Libres condamne également les
« hommes de main » des généraux criminels, qu'ils soient
civils ou militaires, qui veillent à la gestion de leurs
affaires et à la fructification de leurs fortunes mal acquises.
Ces « commis-affairistes » ont autant de responsabilité dans
le pillage des richesses nationales que leurs mandataires
galonnés.
Le Mouvement Algérien des Officiers Libres
appelle tous les officiers et sous-officiers, à tous les niveaux
de la hiérarchie militaire, et l'ensemble du peuple algérien à
demander des comptes et à ne plus accepter cet état de fait où
le bradage de notre patrie se passe sous nos yeux et en plein
jour.
Le Mouvement Algérien des Officiers Libres tient à
préciser à ceux qui disent que nous entachons l'image de
l'armée par nos révélations, que le peuple algérien a le
droit de connaître la vérité, il a aussi le droit de savoir
que les vrais responsables de la faillite de l'Algérie sont ceux
qui ont assassiné le président Mohamed Boudiaf, Kasdi Merbah,
Saidi Fodil, Ali Boutiguene, Redouane Sari,…. ,tous les
fidèles, Pr. Boucebsi, Tahar Djaout,….,et le peuple
Algérien.
Le Mouvement Algérien des Officiers Libres
affirme qu'il reste encore des hommes jaloux et fiers au sein de
l'ANP qu'ils défendent et protègent au prix de leurs vies.
Le
Mouvement Algérien des Officiers Libres lutte pour que l'armée
nationale populaire retrouve sa fierté et son honneur d'entant
et que vive l'Algérie.
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